11 NOVEMBRE 2010
IL Y A LE FEU CHEZ LES BLEUS !!!
Les saisons passent et le bras de fer lasse. Entre une maison fédérale campée sur son désir de gérer l'élite à sa façon et des clubs qui revendiquent le fait de pouvoir s'occuper étroitement de leurs athlètes, les frictions ne datent pas d'aujourd'hui. Le conflit larvé a cependant pris un tour nouveau, fin octobre, lorsque, à l'initiative de Levallois (où sont notamment sociétaires Teddy RINER et Gévrise EMANE), les clubs français phares ont envoyé un courrier* à Jean-Luc ROUGE , le président de la FFJ, pour lui indiquer leur exaspération. Forte, et pour la première fois, commune.
Ils envisagent aujourd'hui la création d'un contre-pouvoir sous la forme d'une "ligue nationale des clubs" et, pour l'heure, en pointillé, menacent de retirer leurs poulains de l'INSEP, là où s'entraînent les membres de l'élite (57 à ce jour).
Jamais l'ambiance n'a semblé aussi explosive dans ce petit monde du Judo national où les édiles de la fédération peinent trop souvent à travailler les fenêtres ouvertes et où les clubs n'ont pas tous forcément les mêmes doléances en fonction de leurs moyens financiers.
J-L ROUGE a convié les présidents de ces derniers à échanger, dimanche à Boulazac (DORDOGNE), en plein coeur des Championnats de France. Une semaine plus tard, il fera part de ces échanges aux membres d'un comité directeur réunis à cet effet. Il promet ensuite de travailler à la mise en place d'une "politique adaptée".
Pour calmer des tensions annonciatrices de clash, les uns comme les autres devront accepter des compromis. Dans le cas contraire, ils prendront la responsabilité, à 9 mois des Mondiaux à PARIS et à moins de 2 ans des Jeux de LONDRES, de tourner la page d'un certain judo.
* 10 clubs ont signé le courrier envoyé à Jean-Luc ROUGE: Sainte Geneviève des Bois, Maisons Alfort, Franche-Comté, Mulhouse, l'ACBB, l'OGC Nice, Champigny, Orléans, le Lagardère Paris Racing et Levallois.
Article paru dans L'EQUIPE du 11 Novembre - OLLIVIER BIENFAIT
"Y A LE FEU CHEZ LES BLEUS !" (SUITE)
Ce que réclament les Clubs :
- Travailler avec leurs athlètes -
"L'INSEP, c'est l'endroit où on doit se faire mal, où on doit enchaîner les randoris (combats d'entraînement), considère Thierry REY, Champion Olympique en 1980 et président du Lagardère Paris Racing. Le Club, c'est le lieu où l'athlète devrait venir prendre la leçon technique. C'est là qu'il devrait être ciselé".
"On demande un minimum de 4 heures par semaine avec eux, souligne quant à lui Roger VACHON, manager général de Levallois et membre du comité directeur de la FFJ. Il faut aussi considérer qu'ils ont un contrat de travail avec notre municipalité, ils doivent pouvoir le respecter, notamment en venant à la salle".
A Champigny sur Marne, Philippe SUDRE a déjà sauté le pas. Ses filles (BISSENI, LA RIZZA, PASQUET ...) se préparent en dehors du systême depuis 5 mois. Avec leur propre structure médicale. "En tant que n°2 ou 3, elles avaient le sentiment que les coaches nationaux ne s'occupaient pas assez d'elles, déplore ce maire adjoint-président. Au delà de ça, je ne comprends pas la fédé. Elle nous demande de marcher dans son sens et nous exclut de l'INSEP. Comment voulez vous que l'on soit complémentaires si on ne parvient pas à visualiser ce qu'elles font en dehors du Club ?
- De l'attention, de la considération -
"Nous ne sommes au courant de rien" enrage Roger VACHON qui, comme tous, réclame davantage d'échanges et de clarté.
"On se dépouille pour faire vivre le club, boucler nos budgets, retient Celso MARTINS (Sainte Geneviève des Bois), et notre travail n'est pas pris en compte. Notre masse salariale pour le haut niveau ne nous permettrait pas de nous autogérer dans la globalité, contrairement à Levallois (1 million d'euros), mais nos 70000 euros annuels, on va les chercher et on les injecte dans le Judo français. On le sert".
Discours similaire pour Ludovic DELACOTTE, l'entraîneur de Maisons-Alfort (DRAGIN, RICHARD ...)
"Lorsqu'on envoie à nos frais nos athlètes en coupe du monde, on participe à leur formation, à leur progression. Cet effort financier n'est que trop rarement considéré par la Fédération. A la base, il y a un gros problème de communication. Le Club doit être un soutien, un relais, une valeur ajoutée. Et nos athlètes doivent cesser, quand ils ne sont pas leaders, d'être considérés comme des figurants, des partenaires pour chuter".
Ce que répond la Fédération:
- Les Clubs n'ont pas tous les droits -
"Entre les pôles Espoirs et les pôles France, on investit annuellement près d'1'5 million sur nos jeunes, explique Jean-Claude SENAUD, le Directeur Technique National. Alors quand les clubs disent qu'ils casquent leurs athlètes et qu'en conséquence, ils leur appartiennent, je considère qu'ils paient le pilote et nous l'écurie. L'hébergement et le suivi médical de l'INSEP, les 35000 Euros que l'on donne à nos médaillés d'or mondiaux, ils sortent de quelle poche ? Et qui leur trouve leur CIP (contrats d'insertion professionnelle) et les conventions, aux garçons et aux filles ?"
René RAMBIER, le directeur du Haut Niveau enchaîne:
"De toute façon, ce n'est pas parce qu'ils paient que les Clubs s'offrent le droit de ceci ou celà !"
SENAUD reprend:
Les Clubs nous menacent de déserter l'INSEP. Qu'ils le fassent ! On verra s'ils s'occupent aussi bien et aussi régulièrement de leurs troupes que les coaches nationaux. Dans 3 mois, je fais le pari qu'elles seront de retour. Entre temps, hors de question de bénéficier des salles de musculations et des kinés fédéraux ! Il faut aller au bout de sa logique".
- L'INSEP doit rester fermé -
"Nous projetons d'avancer l'heure des entraînements pour que les athlètes puissent, dans la foulée, se rendre dans leurs clubs, annonce le DTN. Tous les soirs, s'ils le souhaitent. Mais les entraîneurs de Club ne monteront pas sur le tapis de l'INSEP. Pas de brouhaha. Si c'est pour donner un conseil à un gars qui va dans le sens contraire de ce que préconise l'entraîneur national ! ... L'INSEP, c'est concentration maximale sur le discours des coaches de l'Equipe de France. On est d'accord pour que tout le monde ait sa part de gâteau mais, s'il s'agit de régler des problèmes d'égo, c'est non. Chacun à sa place ! Maintenant, on sait être souple. Quand une Lucie DECOSSE (Championne du Monde en titre des -70kg) nous demande de faire de la vidéo avec quelqu'un hors systême, on lui dit volontiers oui. Mais, c'est au cas par cas. Un gamin qui sort des juniors ne peut bénéficier des mêmes largesses qu'une trentenaire avec un palmarès long comme ça".
"Hors de question que nos athlètes aient 2 programmes d'entraînement !" ajoute Jean-Luc ROUGE.
Quelle honte de lire des choses pareilles !
Sans cette fédération, les professeurs, les clubs, le "judo" proprement dit existerait quand même !
Mais sans ces clubs, ou Ses clubs, que cette fédération ignore, humilie, prend de haut, provoque ... elle serait quoi ???
RIEN !
Un sac vide !!!
Des politiques qui se gavent sur le dos de la base, en jouant les petits "gourous" ou les petits "dictateurs" ... ça ne vous rappelle rien ?
Comme une envie de gerber !